Bouilloires thermiques : qu'est-ce que c'est et comment les éliminer ?

On connaît bien les passoires thermiques… mais avez-vous entendu parler des bouilloires thermiques ? Si certains logements laissent fuir la chaleur en hiver, d’autres transforment votre intérieur en sauna dès que les températures grimpent. Avec la multiplication des vagues de chaleur en France et leurs conséquences dramatiques sur la santé, ces logements mal isolés deviennent une vraie bombe à retardement. Heureusement, plusieurs partis politique planchent sur une nouvelle loi pour limiter ces “gruyères thermiques” version été. Décryptage.

toits parisiens

Sommaire

Qu'est-ce qu'une bouilloire thermique ?

Selon l’étude « Chaud dedans : l’urgence d’adapter les logements bouilloires aux canicules », publiée en juin 2025 par la Fondation pour le logement des défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre), un tiers des logements en France seraient des bouilloires thermiques.¹

Mais qu’est-ce qu’une bouilloire thermique exactement ? C’est un logement qui retient la chaleur au lieu de l’évacuer, comme une cocotte-minute. Mauvaise isolation, matériaux peu adaptés, absence de ventilation… le cocktail parfait pour transformer un appartement en fournaise. Résultat : un inconfort permanent, et dans les cas les plus graves, un véritable risque pour la santé. En 2024, la chaleur a entraîné 3 700 décès supplémentaires, selon Santé Publique France.¹

Cela fait déjà plusieurs années que la Fondation alerte sur cette forme de précarité énergétique estivale. En 2025, elle tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme avec une étude approfondie.

Le saviez-vous ?

La canicule est une période de chaleur intense qui perdure pendant trois jours et trois nuits consécutifs. À différencier d’un pic de chaleur qui dure entre 24 et 48h par exemple.

Locataires : les principales victimes des bouilloires thermiques

La majorité des bouilloires thermiques sont des logements en location. En effet, les locataires n’ont pas forcément le budget pour installer un système de climatisation (ou l’autorisation du propriétaire). Et encore moins l’intérêt d’isoler le logement puisqu’il ne s’agit que d’un foyer temporaire. Résultat : ils souffrent davantage de la chaleur.

Bouilloires thermiques et précarité financière : un lien ténu

Autre critère commun aux bouilloires thermiques : il s’agit souvent de populations avec une situation financière fragile. Par exemple des jeunes, des étudiants ou des personnes âgées. Ainsi, d’après l’Ademe, 37 % des ménages modestes déclarent souffrir de la chaleur dans leur logement (moins de 1 000 euros de revenus nets par UC), contre 20 % chez les plus aisés.¹

Les bouilloires thermiques se trouvent principalement en zone urbaine

Les bouilloires thermiques se trouvent majoritairement en zone urbaine. À la campagne, la végétation joue un rôle de rafraîchisseur naturel, limitant l’effet d’îlot de chaleur. En ville, en revanche, c’est une autre histoire : béton et bitume emmagasinent la chaleur et la restituent lentement.

Un exemple qui parle à tout le monde ? La mythique chambre de bonne sous les toits à Paris. Pleine de cachet, certes… mais dès juin, elle se transforme en véritable étuve. Charmante, oui. Vivable en été, beaucoup moins.

Quelle est la différence entre une passoire et une bouilloire thermique ?

La passoire thermique, c’est ce logement mal isolé qui laisse entrer le froid en hiver. Avec un Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) classé F ou G. On y grelotte, on y subit l’humidité, et chauffer les pièces devient un vrai défi.

À l’inverse, la bouilloire thermique est ce logement qui devient insupportable en été. Il peut très bien être isolé pour l’hiver… mais totalement inadapté face aux fortes chaleurs. Le paradoxe, c’est qu’une bonne isolation hivernale mal pensée peut empirer la situation estivale, surtout si des matériaux inadaptés sont utilisés. Résultat : au lieu d’améliorer le confort, certains travaux transforment des logements ordinaires en fournaises.

Par exemple : les matériaux avec un faible déphasage thermique (soit temps que met la chaleur à traverser un isolant avant de commencer à chauffer l’intérieur) comme la laine minérale sont efficaces pour conserver la chaleur en hiver, mais moins pour l’évacuer en été. À noter que certains experts considèrent que le plus important n’est pas l’isolant en tant que tel, mais la conception du bâtiment : protections solaires, ventilation nocturne, inertie et isolation des parois.² Le débat reste ouvert !

A l’inverse, certains matériaux peuvent être efficaces pour lutter contre la chaleur, mais pas pour se protéger du froid : par exemple les matériaux réfléchissants³ doivent être accompagnés d’un isolant épais pour conserver la chaleur en hiver.

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Que prévoit la proposition de loi sur les bouilloires thermiques ?

Heureusement, afin de faire avancer le schmilblick, la Fondation pour le logement a travaillé avec des partenaires de tous bord politiques sur une proposition de loi transpartisane appelée “Zéro Logement Bouilloire”. Elle sera déposée à l’Assemblée Nationale dans le courant de l’été 2025.¹

Voici ce qui est proposé : 

  • 1. modifier la définition officielle de la précarité énergétique afin d’intégrer la dimension liée à la surchauffe des logements

    1. interdire les coupures d’électricité toute l’année pour permettre la continuité d’utilisation des ventilateurs
    2. intégrer la notion de confort d’été aux DPE dans les annonces immobilières
    3. définir un calendrier de rénovation énergétique des logements bouilloires à la location à partir de 2030
    4. traiter systématiquement le confort d’été lors de toute rénovation globale
    5. simplifier l’installation de protections solaires en copropriété via un assouplissement du vote (majorité simple au lieu de majorité absolue)
    6. augmenter d’un milliard d’euros les aides publiques annuelles dédiées à la rénovation énergétique et aux simples gestes de confort d’été afin d’équiper tous les logements de brasseurs d’air et de protections solaires d’ici à 2040.

Quelles sont les solutions et aides pour améliorer ce type de logements ?

Vous vivez (ou survivez) dans une bouilloire thermique ? Ne baissez pas les bras, il existe des solutions !

Des fenêtres équipées de volets extérieurs ou brise-soleil

Incroyable mais vrai : 40 % des logements ne sont pas entièrement équipés de protections solaires extérieures comme des stores ou des paravents¹. Pourtant, il s’agit de la solution la plus simple à mettre en place, la moins onéreuse, et surtout la plus efficace pour se protéger des rayons directs du soleil ! Alors si vous cherchez une solution rapide et bon marché, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Une bonne inertie du logement

L’inertie thermique, c’est la capacité d’un bâtiment à emmagasiner la chaleur (dans les murs, les planchers…) et à la restituer lentement. Plus elle est élevée, mieux le logement résiste aux écarts de température, notamment en été.

Voici des exemples de matériaux isolants à forte inertie et à déphasage important : fibre de bois, chanvre, lin, coton, ouate de cellulose, coton, liège. ⁴ Autrement dit des isolants naturels ! Plus chers, mais bien plus efficaces que les isolants synthétiques.

Le hic ? Lors de rénovations, beaucoup de particuliers misent tout sur l’isolation hivernale… et négligent totalement l’inertie. Résultat : un excellent DPE sur le papier, mais un appartement invivable dès que le mercure grimpe.

Moralité : si vous isolez votre logement, pensez aussi à l’été ! Optez pour des matériaux avec une bonne inertie et un bon déphasage thermique : ils ralentissent l’entrée de la chaleur et vous évitent de cuire chez vous dès juin.

Appareil rafraichissant performant 

La Fondation recommande l’usage de brasseurs d’air, comme les ventilateurs. Peu énergivores et à faible empreinte carbone, ils représentent une solution accessible. Mais attention : ils ne refroidissent pas l’air, ils se contentent de le faire circuler. Et dans une bouilloire thermique, ce flux peut vite ressembler à un vent chaud et humide… pas franchement agréable.

Le saviez-vous ?

La pompe à chaleur réversible (PAC air-air). Elle assure le chauffage en hiver et fait office de climatisation en été. Son fonctionnement repose sur l’utilisation des calories naturellement présentes dans l’air, ce qui en fait une solution alimentée par une énergie renouvelable. Seul bémol : en rejetant de l’air chaud à l’extérieur, elle peut accentuer l’effet d’îlot de chaleur urbain. 

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Sobriété énergétique

Tout est une question d’usage ! Une pompe à chaleur, c’est top… à condition de ne pas la faire tourner en continu à 20 °C en plein été. En la réglant trop bas, on annule une bonne partie de ses bénéfices énergétiques.

À l’inverse, adopter une température de consigne plus raisonnable (comme les 26 °C recommandés par la loi) change tout : selon l’Ademe, passer de 23 °C à 26 °C permet de diviser la consommation électrique par 4,2 à Paris, par 3 à Lyon et par 2,5 à Montpellier. Autrement dit, on reste au frais et on reste écolo.¹

En résumé : ne laissons pas les bouilloires thermiques mijoter plus longtemps

Longtemps ignorées, les bouilloires thermiques s’imposent aujourd’hui comme un véritable enjeu de santé publique face à la multiplication des canicules. Si des solutions existent (volets extérieurs, matériaux à forte inertie, PAC réversible bien utilisée) elles restent encore trop peu déployées, notamment dans les logements les plus précaires.

Bonne nouvelle : les choses bougent enfin. Une proposition de loi ambitieuse est sur la table, et chacun peut agir à son niveau pour améliorer le confort d’été chez soi, sans forcément tout refaire du sol au plafond.

  • ¹ Fondation pour le logement : Chaud dedans
  • ² Le moniteur : Le défi du confort d’été pour les prochaines années : la laine minérale de verre et sa performance thermique
  • ³Picbleu : quel isolant selon le climat
  • ⁴Biosfaire : inertie et déphasage

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